Aujourd’hui c’est férié ! "Idi Moubaraka Pia !"

Aujourd’hui c’est férié ! Nous sommes le Vendredi 9 Août et nous profitons donc d’un weekend de 3 jours… génial ! Mais à votre avis que fêtons-nous ? C’est l’Aïd-el-Fitr qui célèbre la fin du mois de Ramadan. Alors, comme on dit à Mayotte «Idi Moubaraka !»

Pour vous, chers métropolitains, pas de jour férié aujourd’hui… non seulement parce que les fêtes religieuses musulmanes ne sont pas chômées en métropole… mais aussi car l’Aïd-el-Fitr a été célébré le Jeudi 8 Août dans l’hexagone… donc pas de panique, vous n’auriez quand même pas bénéficié d’un long weekend ! En effet, le jour de l’Aïd-el-fitr est arrêté en fonction de la lune. Contrairement au calendrier Grégorien que nous utilisons couramment, le calendrier Musulman est lunaire… Le jour de l’Aïd est arrêté par l’observation du ciel et dépend donc de la position géographique de ceux qui observent l’arrivée du croissant de lune. Ce dernier marquera la fin du mois de ramadan et le début du mois suivant : le Chawaal. Ceci explique que la date est différente selon les pays, et qu’il est difficile de prévoir le jour précis à l’avance. En début de semaine, nous ne savions toujours pas si nous n’allions pas travaillé le jeudi ou le vendredi… finalement le grand Cadi de Mayotte a observé la lune ce jeudi 8 Août, ce qui marque le jour de l’Aïd-el-Fitr le lendemain !

Attention ! l'Aïd-el-Fitr (le petit Aïd) n'est pas à confondre avec l'Aïd-el-Kebir (le grand Aïd) qui lui, célèbre la fin du Hadj (pèlerinage à la Mecque)

Ah oui, le cadi… qu’est-ce que c’est ?

En raison de l'importance de l'islam, Mayotte a possédé pendant longtemps deux systèmes de lois : d'une part, le droit pénal français et, d'autre part, le droit islamique traditionnel qui comprend le droit foncier et le droit civil. Ce sont les cadis, des juges musulmans exerçant des fonctions civiles et religieuses, qui appliquent le droit Musulman. Pour le système des lois Françaises, ce sont les juges républicains, en particulier des Wazungu (blancs) nommés depuis Paris qui font appliquer la loi.

Peu de mahorais sont mariés selon les règles du droit commun car s'ils choisissaient de se marier à la mairie, ils devaient renoncer à la polygamie qui est autorisée par le droit Musulman. Même si la loi du 11 Juillet 2001, à aboli la polygamie, dans les faits, elle existe toujours. D’ailleurs, l’état français avait adapté les feuilles d’impôts à cette particularité, en permettant de déclarer plus d’une femme…

Mayotte est donc aujourd'hui la seule terre musulmane française. Pour trouver l'origine de cette particularité, il faut remonter il y a bien longtemps...

Ce sont les shiraziens, des perses musulmans partis du Shiraz (Iran actuelle) au 9ème siècle qui sont arrivés à Mayotte vers le 15ème siècle, après avoir trainé leurs guêtres en Afrique de l’Est en pays Bantous, qui ont amené la religion musulmane sur l’île. La légende explique qu’un sultan de Shiraz, aurait quitté son pays pour la côte africaine avec ses 6 fils. Chacun d’eux aurait fondé une Cité sur la côte africaine, et jusqu’aux Comores. C’est ainsi que sur plus de 3000 Kms de côtes, de Mogadiscio (Somalie) au Nord de Madagascar, en passant par Sofala (Mozambique), les Comores et Mayotte, les puissants commerçants swahilis ont développé une culture métissée, imposant leur langue et leur religion…

Et voilà que plusieurs siècles plus tard, Mayotte est le seul territoire français de confession musulmane, où l'on y parle Shimaoré, une langue bantoue dérivée du swahili, comme dans la plupart des pays d'Afrique de l'est.

97 % des Mahorais sont d'obédience musulmane et de rite sunnite.

Des vestiges de l'arrivée des shiraziens subsistent du côté de la mosquée de Tsingoni dans le centre de Mayotte. On y trouve des tombes, qui n'ont pas encore été fouillées, mais qui remontent à l'époque de la conquête de Mayotte par les shiraziens. Il s'agirait de la tombe du premier sultan et de sa fille. Juste derrière on y trouve la plus ancienne mosquée existante sur un sol français. Elle a été construite en 1538, comme en témoigne les inscriptions en Arabe, à côté du Mihrab qui indique la date de construction comme étant en 944 du calendrier de l'Hégire.

La religion musulmane occupe donc une place majeure dans l'organisation de la société et rythme la vie des habitants de l’ile.

- La journée (et la nuit, snif) est rythmée par les 5 prières. L'appel à la prière du muezzin dont la voix est portée grâce au minaret, se fait donc entendre toute la journée du sommet de la mosquée. Si on finit par l'oublier durant la journée, il se rappelle à nous la nuit vers 4 heures du matin, juste avant le chant du coq. Par chance, de la brousse où nous habitons, nous ne sommes pas réveillés par le muezzin !

- Les années et la vie des mahorais, sont rythmés par les fêtes religieuses, ramadan, fêtes des hadj, Aïd, etc… Des nombreuses fêtes religieuses musulmanes sont intégrées dans le calendrier et sont fériés en plus des jours de fêtes nationales et catholiques.

Conclusion : Pour ce mois d'Août, le jour de l'Aïd-el-fitr est chômé, tout comme le 15 Août, jour de l'assomption de la Vierge Marie ! (héhéhé). Cet exemple montre bien la grande tolérance entre les religions qui coexistent sur l'île.